Pourquoi «Toucher n’est pas jouer» ?
Dans l’accompagnement par le massage et les pratiques psycho-corporelles qui l’utilisent comme support, le toucher demande un engagement. Engagement de celui qui le prodigue et de celui qui le reçoit.
Pour le premier l’engagement est tout autant éthique que corporel.
Éthique, car il ne peut-être question dans ce toucher d’une prise de pouvoir,quel qu’en soit l’expression, sur une personne qui du simple fait de s’allonger confie son intégrité à l’autre. Le fait de saisir par exemple, peut constituer une atteinte voire raviver un vécu traumatique.
Corporel car pour être dans la justesse de l’accompagnement, les gestes doivent mobiliser la totalité de celui qui officie. Être capable de varié un appui et la durée d’un mouvement, assurer une fluidité qui fasse oublier sa présence nécessite une attention permanente à son propre corps. Le corps du praticien par sa posture, participe à l’état d’esprit qui préside au soin.
Le toucher convoque le praticien dans un espace où s’il se situe comme un accompagnant, il devra se «dissoudre» dans ce qu’il fait . La technique, l’interprétation, les protocoles, l’égo n’ont plus lieu d’être dans ce présent là. Ils n’existent plus, seul subsiste le toucher réciproque qui accompagne l’autre dans un espace où ce qui doit advenir, advient et répond à la question initiale.
Pour le second l’engagement concerne son lien avec le praticien et/ou le thérapeute tout autant que sa décision à vivre pleinement ce que le toucher va révéler de tensions et d’émotions.
La confiance est ce qui caractérise le lien avec le praticien. Confiance dans la personne et son professionnalisme mais également confiance dans l’accompagnement qu’elle fera de l’expérience vécue. Confiance dans l’accompagnement, ne signifie pas laisser le praticien apporter la réponse, il s’agit là, d’être sûr de trouver les conditions nécessaires à l’élaboration d’une réponse.
La décision, à vivre pleinement ce que le toucher va révéler, se confrontera inévitablement à un inconfort. L’engagement c’est dire à cet instant: «ok nous y sommes … j’y vais!». Ce «nous» désigne la collaboration avec le praticien et lui rappelle ses engagements.
Avec le toucher il y a la réciprocité (je touche donc je suis touché). De celle ci découle la réciprocité des engagements. C’est sur ce socle que s’établie la collaboration où chacun fait sa part dans la résolution d’une question.
*NB : praticien peut être remplacé par praticienne, celui par celle etc…
*(écrit à la suite de l’atelier du 12 et 13 janvier 2024, nourri par les lectures de F. Roustang et L.Anthony)